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Regard

Un mythe des Tuamotu raconte l'origine du monde


À l’origine, il n’y avait rien qu’un espace infini dans le vide qui qualifiait l’immensité. Dans cet espace flottait Kapikapi, le bivalve originel. Recroquevillé à l’intérieur, Takaroa, qui allait être le dieu créateur de toute chose, attendait. Tout était noir et vide. Po était cette nuit, noire, profonde, irradiant le monde de ses rais de nuit. Mais le bivalve abritait déjà la vie, le tumu po, l’arbre cosmique.


Et, malgré ce noir profond, dans la nature de ses deux valves nacrées, la lumière, incrée, était. Kapikapi fut séparé en deux par l’arbre cosmique. La partie supérieure, Kapi ruga, devint la voûte céleste. Kapi raro, la partie inférieure, allait constituer la terre, te henua (fenua) et l’océan, moana. Or, dans l’harmonie de la création, la lumière devait succéder à l’obscurité. La perle, Poe, fut ainsi engendrée par le bivalve originel à partir de l’éclat de sa nacre pour devenir lumière. Takaroa fit entrer cette lumière dans la nuit et créa le jour. Po le noir, Poe la lumière, sublime miroir de la nuit dans le ballet des jours et des nuits. C’est ainsi que la perle de Tahiti, bien plus qu’une simple perle, fut à l’origine du temps.


Joy by TMK, Tahiti


Tu prendras dans ta parure, un éclat de la robe étincelante de chacun des poissons qui vivent dans mon royaume. Je te donne pour demeure les roches et les plaines sous-marines et les côtes de la mer.

Voir l'origine de la lumière dans le lustre de la perle.


Dans les classements internationaux des spécialistes de la perle, si la forme est importante,

le lustre et la qualité de la surface le sont tout autant. Le lustre, ou orient, est le pouvoir de

la perle à réflecter la lumière, comme si elle en était l’écho et l’origine, le miroir et la source.

Les anciens Polynésiens étaient eux-aussi interloqués devant tant de brillance. A tel point qu’ils lui imaginèrent plusieurs origines divines, en fonction des archipels ou des îles.


Pour les uns, une fois que Takaroa, le premier dieu, eut créé les cieux et l’océan, la terre et tout ce qui pousse dessus, il donna les perles, nées de la lumière et gardiennes de celle-ci, à Tane, le dieu qui veillait sur les cieux. Tane regarda le ciel, noir, profond. Il décida de l’illuminer en y disséminant des perles de Tahiti.


Pour d’autres, la nacre de Polynésie est la fille d’Okana et de ’Uaro, mère et père de tout ce qui vit dans la mer, en dehors des poissons. Okana, l’esprit du corail vivant, Uaro l’esprit des sables, donnèrent ainsi naissance à Te Uhi, l’huître perlière. Okana souhaita que Te Uhi soit parée de toutes les couleurs de la création. Ainsi elle lui dit : « Tu prendras, dans ta parure, un éclat de la robe étincelante de chacun des poissons qui vivent dans mon royaume. Je te donne pour demeure les roches et les plaines sous-marines et les côtes de la mer ».


Pearl Romance, Moorea


L’huître perlière prit donc possession des récifs plongeants, des rochers de corail affleurant, des hauts-fonds mystérieux, des plateaux de sable transparents. Jusqu’à ce que les hommes la trouvent, rayonnante, somptueuse, étonnante, aristocratique, contrastée, mystérieuse, fragile et puissante à la fois. Unique.

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